Toulouse Métropole : tarif saisonnier de l’eau

Article La Dépêche du Midi Mardi 19 mars 2024

Le 1er juin 2024, un nouveau tarif de l’eau dit « saisonnier » est entré en vigueur dans les 37 communes de la métropole de Toulouse. Il s’agit de faire payer plus cher la consommation en été et moins en hiver. Une disposition controversée.

Le tarif de l’eau dans les 37 communes de la métropole a augmenté de 42 % les mois d’été et a baissé de 30 % du 1er novembre au 31 mai. /DDM, Xavier de Fenoyl

Faire payer plus cher l’eau potable du robinet quand elle est plus rare et sensibiliser les consommateurs à la modération et aux économies alors que les sécheresses estivales sont de plus en plus préoccupantes… Voilà le viatique de la métropole de Toulouse qui a décidé d’instaurer une tarification saisonnière plus vertueuse pour notre environnement, dès l’été prochain. Concrètement, à partir du 1er juin et jusqu’à fin octobre, pendant 5 mois, le tarif de l’eau a augmenté de 42 % par rapport au prix habituel pour baisser ensuite 30 % entre le 1er novembre et le 31 mai. Pour une facture que l’on ne nous promet pas plus salée !

Une prise de conscience collective

Les périodes d’étiage de la Garonne, qui reste notre principale ressource, sont de plus en plus précoces explique Robert Médina, le Président d’Eau Toulouse Métropole et il n’était pas possible de ne rien faire pour éviter le gaspillage ». Ce faisant, la collectivité s’inscrit dans le plan national porté par le président de la République qui avait souhaité la mise en place d’une tarification progressive de l’eau pour économiser 10 % des volumes à court terme. « Sauf que ce modèle ne pouvait pas s’adapter à toutes les communes, comme l’a souligné le Conseil économique et Social dans ses dernières préconisations, note Robert Médina. Dans les habitats collectifs avec un compteur commun, les usagers ne peuvent être facturés individuellement, sur leur consommation réelle et les augmentations pèseraient sur tout le monde sans distinction des efforts faits par les uns ou les autres ». D’où l’idée de favoriser une tarification saisonnière plutôt que-progressive, même si le problème de l’équité dans les logements sociaux notamment, reste entier, comme l’ont relevé l’opposition socialiste métropolitaine et l’association Eau secours 31. « On nous oppose que ceux qui seront pénalisés sont les plus modestes, ceux qui ont besoin de prendre plus de douches parce qu’ils n’ont pas la climatisation, relève Robert Médina. Mais à l’arrivée la différence de prix sera infinitésimale. À ce stade, il faut une prise de conscience collective de tout l’immeuble », reconnaît l’élu.

Le prix de la vertu

De fait, les services techniques ont sorti les calculettes avec des simulations très pointues. « Si l’on considère qu’une douche, en moyenne, consomme 35,60 litres d’eau et qu’on en prend une douche de plus par jour pendant trois mois, on arrive à 5 m3 supplémentaires, ce qui fait 6 euros d’augmentation, plaide Robert Médina. Autre exemple :  pour une famille de trois personnes qui dépense 120 m3 par an, la facture actuelle est de 340,47 euros. Avec la tarification saisonnière, ce sera 401,50 euros, soit 60 euros de différence, mais cela si aucun effort de sobriété n’est fait », précise-t-il. Pour un foyer avec jardin et piscine, qui consomme 100 m3 l’hiver et 150 m3 l’été, l’addition passerait de 820,90 euros à 904,30 euros. « Encore une fois, le but n’est pas d’encaisser plus d’argent, mais de faire comprendre aux consommateurs que tout le monde doit faire un effort en période estivale, martèle Robert Médina. « Nous avons imaginé un système qui ne pénalise personne. Seuls les usagers qui consomment le plus d’eau l’été pour arroser leur jardin, remplir leur piscine ou laver leur voiture paieront leur surconsommation au tarif le plus haut ». Bref, ceux qui peuvent assumer leur gaspillage. Suffisamment dissuasif?

Gilles-R. Souillés

L’eau n’est pas une marchandise

 « Un tarif plus cher est-il le meilleur moyen de réguler la consommation en été et des restrictions ou interdictions sur certains usages ne sont-elles pas plus efficaces et plus justes ? » Ce sont les questions adressées par l’association Eau Secours 31 à Jean-Luc Moudenc, le président de Toulouse Métropole, dans une lettre ouverte. L’association, qui déplore le manque de concertation, soutient une proposition s’appuyant sur les premiers m3 gratuits pour tous, une tarification progressive au-delà de ces premiers m3 et des tarifs différenciés selon les usages. « Nous ne méconnaissons pas les difficultés qui existent pour la mettre en œuvre dans les habitats collectifs, mais nous pensons que des étapes sont dès maintenant possibles pour atteindre cet objectif, expliquent les militants associatifs. Nous ne pensons pas que l’eau soit une marchandise, dont la distribution peut être régulée par les logiques de marché sur le principe du quand c’est rare, c’est cher. L’eau est un élément vital dont tout être humain a besoin. Le premier changement de regard que notre société doit effectuer sur l’eau est d’en considérer les différents usages, les prioriser et les arbitrer ».

Une réponse à “Toulouse Métropole : tarif saisonnier de l’eau”

  1. Avatar de Robert Cazala
    Robert Cazala

    Cet article est intéressant

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